La première piste cyclable solaire de Suisse a été inaugurée

L’installation, située à Satigny, permet de produire de l’électricité renouvelable, tout en protégeant les cyclistes du soleil.

Tribune de Genève | par Antoine Grosjean | 12.09.2023

Baptisé «Solar Horizon», ce projet pilote générera près de 200'000 kilowattheures par an grâce aux panneaux photovoltaïques composant la toiture qui couvre la piste sur 200 mètres. @Irina Popa
Baptisé «Solar Horizon», ce projet pilote générera près de 200'000 kilowattheures par an grâce aux panneaux photovoltaïques composant la toiture qui couvre la piste sur 200 mètres. @Irina Popa

Le soleil a ses bons et ses moins bons côtés. Il permet notamment de générer une énergie renouvelable et comparativement très propre. Mais par ailleurs, avec les canicules à répétition que nous connaissons, on cherche de plus en plus à s’en protéger.

L’installation inaugurée hier à Satigny par les Services industriels de Genève (SIG) répond simultanément à ces deux besoins. C’est une première suisse.

S’étirant sur plus de 200 mètres de piste cyclable, en face de la zone industrielle ZIMEYSA, cette toiture produit du courant électrique grâce aux 860 m2 de panneaux photovoltaïques qui la composent, tout en offrant une ombre bienvenue aux cyclistes. Ce projet pilote, baptisé «Solar Horizon» et mis en service fin juin, après six mois de travaux, a permis de vérifier la faisabilité technique d’une telle installation. L’un des défis était de concevoir des fondations solides qui s’intègrent dans les réseaux souterrains (eau, gaz, télécoms, etc.), les panneaux solaires étanches et capables de produire sur leurs deux faces, ont un rendement entre 5 et 15% plus élevé que les modules photovoltaïques classiques. La piste cyclable solaire générera ainsi près de 200’000 kilowattheures (kWh) d’électricité par an – soit l’équivalent des besoins de 65 ménages genevois – qui seront injectés sur le réseau.

Intégration paysagère

«Nous n’allons pas révolutionner le marché de l’électricité avec ce projet, concède Christian Brunier, directeur général des SIG. Mais le but était de créer une structure qui se fonde dans le paysage. Dans ce sens, c’est un ouvrage exemplaire pour relever le défi de l’urgence climatique.»

Les milieux de la protection de la nature, du patrimoine et du paysage ont d’ailleurs été consultés.

À la suite d’un concours d’architecture lancé en 2021, c’est le bureau Colucci & Colucci qui a obtenu le mandat. Le résultat est une construction à l’aspect plutôt léger. Les piles porteuses n’obstruent pas la vue sur le paysage, et les panneaux solaires translucides laissent filtrer un peu de lumière.

«Cette installation est élégante et relativement discrète», se félicite le conseiller d’État chargé de l’Énergie et de l’Aménagement, Antonio Hodgers. «L’énergie photovoltaïque est sous-exploitée, mais on l’a vu ce week-end avec la votation en Valais sur les parcs solaires alpins, il faut d’abord mettre les panneaux là où l’humain est déjà intervenu, dans les zones bâties.»

Les SIG précisent que les modules photovoltaïques ont été designés et assemblés en Suisse, mais que les matériaux proviennent de Chine, comme c’est souvent le cas. Quant à la toiture elle-même, elle est en bois d’origine suisse et en métal, et les piliers sont en béton recyclé.

Un courant très cher

Petit bémol: avec un coût de construction de 1,5 million de francs, financés par les SIG, cela porte le prix du kilowattheure à 57 centimes. «C’est très élevé pour le marché, reconnaît Christian Brunier. Mais c’est normal pour un projet pilote. En travaillant à plus grande échelle, on réduira les coûts. Il s’agit maintenant de réaliser de telles installations partout où c’est possible.»

Un deuxième projet de piste cyclable solaire est déjà à l’étude, mais son emplacement potentiel n’est pas dévoilé pour l’instant.

Source : Tribune de Genève